Biographie

 

(1905-1918)
Le 5 septembre 1905, Albert-Edgar Yersin naît en Suisse, sur les bords du lac Léman. Son père meurt alors qu'il n'a que deux ans. Sa mère s’en retourne près de ses parents, dans la banlieue new yorkaise. Albert et son frère y passent une enfance heureuse.
(1918-1928)
Mathilde Raetzer-Yersin rencontre un ingénieur suisse, qui emmène la famille au Chili. Yersin commence le dessin, puis la peinture. Il fait ses humanités. Son beau-père meurt subitement. On revient alors à New York. L’adolescent veut faire du théâtre. Il est reçu à la Theatre Guilde, dans la section comédie. Il se récrie : « C’est la tragédie, ou rien ! », et s'en va au Pratt Institute de Brooklyn, où il dessine.
(1928-1933)
À 23 ans, Yersin est à Paris. Il dessine sans relâche, en plein air ou copie les grands maîtres, surtout Ingres et Delacroix, et fréquente les Académies libres comme l'Académie Colarossi. Il fait ses premiers pas dans la gravure. D’autre part, il s’improvise danseur mondain (on dit de lui que c’est un très bon danseur de tango, on le surnomme « spaghetti danseur mondain ») ou encore guide pour touristes américains, ceci pour gagner deux trois sous dans cette période amère de vache maigre.
(1933-1939)
Sa famille ne croit plus en lui et coupe les vivres. Il est forcé de venir à Berne, où il ouvre un atelier de publicité qui fermera rapidement ses portes. Il obtient une bourse qui lui permet de suivre un cours approfondi de gravure au Royal College of Art de Londres pendant sept mois. De retour en Suisse, il débute la gravure de timbres. Il épouse Greti Aebi et, le lendemain de la noce, ils partent pour Paris.
(1939-1945)
À peine débarqué dans la capitale française, le couple doit revenir en Suisse, en catastrophe : c’est la déclaration de la guerre. Dès lors, Yersin vivra au bord du lac Léman. Il grave des timbres-poste. La famille s’agrandit rapidement : Claude naît en 1940, Yves en 1942 et Luc en 1945
(1945-1950)
Avec le premier vol Swissair outre-Atlantique, il rend visite à Hayter, à New York. A Paris, il se lie d’amitié avec Albert Flocon, l’inventeur de la perspective curviligne. Avec le groupe de graveurs « Graphies », un ouvrage intitulé « À la gloire de la main », qui célèbre le travail de l'artisan, voit le jour ; Bachelard rédige la préface ; Yersin lui offrira une de ses gravures. En 1949, il rencontre la photographe Henriette Grindat. Sa vie est totalement bouleversée : c'est l'amour impérieuse!
(1950-1960)
Il s’extasie dans une peinture à l’avant-garde, qui n’est rien de moins qu’une explosion de couleurs et de matières, le contre-pied de la gravure minutieuse du timbre. Les commandes des PTT (ancien nom de La Poste suisse) se sont taries ; il grave alors des cadrans de montres. C’est une lutte sempiternelle pour subvenir aux besoins de cette « chienne de matérielle », comme il dit.
(1960-1972)
Il enseigne la taille-douce à l’École des Beaux-Arts de Lausanne. En même temps que ses étudiants, il apprend la lithographie. Après des années de recherche, il réussit, avec le peintre Pietro Sarto, à imprimer ses planches en couleurs. En 1963, avec Francis Ponge et Henriette Grindat, la plaquette-estampe qui mélange l’écriture, le dessin et la photographie propose trois vues sur la matière : « À la rêveuse matière ». Après vingt ans de vie à deux, il épouse la photographe lausannoise le 26 janvier 1970.
(1972-1984)
Grâce à la couleur qui plaît aux amateurs d’art, il reçoit un début de reconnaissance régionale. Enfin, ses gravures se vendent. On assiste à un retour progressif du figuratif, essentiellement du paysage et, dans les dernières années de sa vie, à un retour presque exclusif du dessin. Un cancer l’emporte le 3 septembre 1984.